Un extrait de la Préface du livre « Le chant de la révolte – le soulèvement soudanais raconté par son icône » (éditions FAVRE) : « En avril 2019, notre imaginaire collectif s'est enrichi d'une nouvelle figure de résistante, celle d'Alaa Salah.
En un instant, la révolution soudanaise se voyait pourvue aux yeux du monde d'un visage solaire, d'un bras ferme défiant l'autorité portée par un élan d'une incroyable majesté. (..) Et grande était la tentation de figer ce corps féminin, drapé de blanc, dans une imagerie iconique. » ( Rokhaya Diallo).
Ce livre, Alaa Salah l'a dédié ainsi : « Je dédie ce livre aux âmes qui se sont battues avec courage, qui ont vécu et qui sont mortes pour la vérité, la liberté, la paix et la justice. » Jeune étudiante en architecture, Alaa Salah s'est retrouvée, ainsi, propulsée au rang de symbole des femmes luttant contre le gouvernement. Elle a écrit ce livre avec Martin Roux (un journaliste indépendant couvrant l'actualité soudanaise). Elle raconte dans ce petit livre, petit mais empli de révélations et d'explications sur son pays, le Soudan qui n'a d'autre but de la démocratie, la mort d'un dictateur.
Elle se retrouve en première ligne lors d'une manifestation pour laquelle « On annonce « la marche du million ». Un million de manifestants ! C'est vers la place al-Qiyadah, située au centre de Khartoum que des milliers et des milliers de personnes se dirigent, le 6 avril 2019, un nombre si impressionnant de gens de tout le Soudan, qu'il a fait dire qu'il y en avait un milliard – face aux forces de l'ordre et à l'armée – se disant qu'ils allaient mourir, mais qu'importe car leurs convictions et décisions sont élevées. Quitte à mourir, autant que ce soit en martyre : « Aujourd'hui, nous marchons vers la mort. »
Elle nous raconte « Le peuple « Girifna » porté par la jeunesse soudanaise qui signifie « nous en avons assez ! Fait écho aux jeunesses exaspérées qui partout sur le continent africain et dans le monde clament « « y'en a marre ! »
Alaa Salah est fière d'être Africaine, fière de sa couleur de peau et fière du mode de vie ainsi que des traditions.
Mais la vie est dure et se voit compliquée par la hausse du prix du pain : trois plus élevé qu'auparavant, ce qui met le feu aux poudres.
Elle nous décrit combien les femmes sont fortes : en première ligne – l'aide des réseaux sociaux (Twitter et Facebook) pour relayer les informations – les Soudanaises militent pour faire exploser l'étau sexiste si brimant pour leur corps et leurs paroles.
Sur la vidéo prise lors de LA manifestation qui l'a faite connaître, toute de blanc vêtue (le toub), un vêtement blanc, en signe de protestation contre la dictature à l'encontre des femmes, elle récite un poème qui égrène les noms des martyrs. Un poème écrit par le poète soudanais Azhari Mohamed Ali, qui clame : « Les balles ne nous tuent pas. La mort , c'est le silence. »
De plus, en 2019, son pays connaît le confinement à cause de la pandémie du coronavirus.
Ce qui ressort de cette lecture pour laquelle il est difficile de s'arrêter, c'est la modestie de cette icône, qui s'est retrouvée avec un fardeau bien lourd mais qui assume.
Les faits historiques et témoignages sont les éléments marquants de cet ouvrage et on ne peut qu'admirer le courage de Alaa Salah ainsi que celui de toutes ces femmes du Soudan, prêtes au sacrifice.
Nadia
Edité par Favre, 25 mars 2021 Editions Favre
15 €