Sous la terre des Maoris
Carl Nixon
« Des garnements ont accroché un mannequin à l'un des grands pins. Ce fut la première pensée du vieil homme » (page 9).
Mais quand il se rapproche, il s'écrie : « Nom de Dieu de nom de Dieu ! Oh, bon Dieu » quand il se rend compte qu'il s'agit du corps d'un jeune garçon.
Ce garçon c'est Mark Saxton, fils de Bob et Liz. Ce sont eux qui l'ont élevé, c'est leur fils adoptif car Tipène, son père biologique, un Maori, l'a abandonné ainsi que sa mère.
Tout cela se passe en Nouvelle-Zélande et donne ce polar « Sous la terre des Maoris ».
Si le livre débute de cette façon macabre, le reste est consacré à la volonté de faire leur deuil, de donner à Mark une sépulture conforme à ses propres traditions. Mais celles-ci se heurtent, car d'un côté la famille Saxton veut le faire de façon traditionnelle, propre à sa culture religieuse. Mais de l'autre côté, Tipene (qui s'appelait auparavant Stephen quand il a connu Liz), a retrouvé sa tradition maorie et veut respecter le rite de ses ancêtres. D'où affrontement et course-poursuite acharnée de Bob quand Tipene vole le corps de l'adolescent.
Ce n'est pas tellement sa mort qui est primordiale, c'est la façon d'enterrer ses restes. C'est un combat désespéré, cruel.
Carl Nixon nous livre un portrait sans concession de la Nouvelle-Zélande avec les tensions entre les communautés, les traditions respectives et personne ne veut en démordre.
On assiste à ce que l'on peut bien nommer « un pétage de plomb » de la part de Bob qui part à la poursuite des Maoris. Il est anéanti, la spirale devient infernale, mais sa rage le fait toujours reprendre le dessus et les deux adversaires vont se livrer une lutte sans merci. Par contre, on ignore pourquoi Mark a commis ce geste tragique ; on ne peut que faire des suppositions.
La plus grande partie de ce polar est réservée à cette chasse à l'homme dans le bush, à la description déchirante du désespoir de Bob. Mais c'est aussi l'histoire de ce pays composé de groupes ethniques qui n'arrivent pas à dialoguer sereinement et le font de façon violente.
Dans cet ouvrage, il m'a manqué un petit plus, mais lequel ? La Nouvelle-Zélande m'attire particulièrement avec son Haka, ses mots (heureusement qu'il y a une traduction en bas de page), c'est dépaysant au possible, un voyage en terre lointaine, mais je pense que c'est cette poursuite qui est trop longue. Elle n'en finit pas et Bob en perd la tête à cause de son épuisement.
Pourtant c'est bien tragique et les personnages sont tellement touchants !
Je suppose que j'aurais aussi aimé en savoir un peu plus sur Mark Saxton dont le nom Maori est Maakta Pitama.
Cet ouvrage a reçu des éloges tels que :
« Brave, audacieux et sans faille : l'un des meilleurs romans néo-zélandais. Ce n'est pas un thriller brutal, c'est une dissection d'un pays et de sa culture » (Wiki Ihimaera) ou :
« Une odyssée fascinante sur le deuil » (Frankfurter Allgemeine).
Nadia D'Antonio
Edité par éditions de l’aube,
22 €