Cannibale
Danielle Thiéry
Super ! Une écrivaine de romans policiers et qui a été l'une des premières femmes de la police française à avoir accédé au grade de commissionnaire divisionnaire ? J'adore. Il s'agit de Danielle Thiéry et le livre que j'ai choisi est « Cannibale » (éditions SYROS). Elle avait débuté avec « Mauvaise graine ». Depuis, ses ouvrages sont nombreux et certains ont reçu des prix.
« Un thriller implacable avec un duo père-fille mémorable. » Je confirme.
Pour finir l'année scolaire en beauté, avec une fête de la musique, après une épreuve de course d'orientation, sans aucun objet connecté (portables), c'est raté. En effet, deux jeunes gens ne sont pas revenus et l'angoisse commence à gagner les autres. Parmi eux, la jolie Olympe, dont le père Antony Marin, va être sur l'enquête pour rechercher les disparus.
Ces manquants à l'appel sont Roxane Flamand et Rafaël Cottin.
L'ouvrage débute avec : « C'est moi, Roxane…
Je suis une fille comme les autres mais personne ne m'aime.
Personne, sauf toi.
Je suis à toi. Tu es à moi. Nous sommes les deux moitiés d'un fruit et le produit d'un amour sans bornes. (…)
Personne d'autre que moi ne l'aimera comme nous.
Je le jure.
Sur la tête de ma mère morte. »
Et dire que cela a été prononcé par une adolescente, des paroles qui n'augurent rien de bon sur le personnage, ce que l'on verra par la suite.
Roxane refait surface, dépenaillée, blessée, traumatisée et hospitalisée pour recevoir des soins. Quant à Rafaël, pas de nouvelles.
Pendant les recherches, on apprend la fusion que formaient les deux adolescents disparus, des inséparables, mais apparemment, Rafaël était plutôt sous l'emprise de Roxane. On ne leur connaissait qu'une amitié indéfectible mais pas de liaison amoureuse. Pendant l'hospitalisation de Roxane qui semble shootée aux remèdes, en fait, elle est lucide et a des pensées inquiétantes : « J'aurais voulu avoir des canines de vampire pour les poser sur ton cou et t'aspirer. Pas seulement ton sang, mais tes muscles, tes os… Toi tout entier. » ou « Je suis de mon codeur le vampire,
Un de ces grands abandonnés
Au rire éternel condamnés,
Et qui ne peuvent plus sourire ! » (...)
« J'ai envie de hurler. Je dois me contenter de chuchoter.
Mort. Mort. Mort. (…)
Ca suffit.
La sonnette.
Barre-toi, connard. »
Le thème de « Cannibale » est bien choisi car on découvre que Roxane souffre d'un syndrome narcissique, le »cannibalisme, au sens métaphorique » et qu'elle était suivie par une psychiatre Louise Lavil.
Si on devine dès le début le rôle de Roxane, si on ne doute pas de sa culpabilité (mais on ne sait pas de quelle façon), on découvre au fil de la lecture des événements terribles dont elle aurait été l'instigatrice, déjà toute petite !… et le lecteur s'étonne du manque d'attention de son père.
Par contre, Olympe est un personnage intéressant, rebelle, amoureuse de Rafaël pour qui elle est très inquiète et elle va faire équipe avec son père pour les recherches après avoir enterré la hache de guerre avec lui, car il adore sa fille à qui, avec son métier, il n'avait pas assez de temps à lui consacrer. Mais quand Olympe lui dévoile la vérité, il se montre compréhensif.
Dans ce récit, entrecoupé des « délires » de Roxane, de ses réflexions macabres, de ses actes on ne peu plus fous, Danielle Thiéry nous entraîne dans une intrigue fort bien faite avec sa plume rapide. C'est un ouvrage dont j'ai tourné les pages avec du mal à m'arrêter afin de connaître l'issue et ahurie par la terrible force machiavélique de Roxane : elle va très loin, trop loin. le capitaine Marin, aidé par d'autres enquêteurs ainsi que par sa fille, se retrouve à tenter de démêler tout un écheveau de mensonges – de violence – d'amour qui engendre bien de la jalousie - de la haine (que l'on retrouve avec Baudelaire parfois avec « Les Fleurs du Mal » : »Je te frapperai sans colère et sans haine, comme un boucher…) (extrait de «L'Héautonimorounéos".)
Nadia
Edité par Syros, 8 octobre 2020 Éditions Syros
16,95 €