Chaque jour est une vie,
Jean D'Artigues
Aujourd'hui, je vous propose de parler un peu de Jean d'Artigues, un écrivain français, atteint, en 2011 d'une maladie incurable, sans aucun espoir, la maladie de Charcot.
Il se livre dans un récit d'un incroyable combat contre cette maladie : « Chaque jour est une vie » (éditions Les Arènes), une autobiographie qu'il a pu réaliser avec Jean-Claude Guillebaud (qui a signé la préface) – un témoignage très émouvant : « Une puissante rencontre. (…) J'ai fait sa connaissance grâce à un ami et confrère Christian Troubé. Nous étions allés à Vannes pour le voir. Je n'imaginais pas que cette visite compterait autant. »
Il faut dire que Jean d'Artigues veut « goûter la vie jusqu'au bout » et qu'il vit cette maladie comme une « aventure extrême. » Pour lui, il est hors de question de s'apitoyer sur son sort. Mais justement ce sort, le mauvais, s'acharne dans sa vie de couple car son épouse est atteinte en même temps d'un cancer. Tous deux tentent de faire face mais le déclin se profile à l'horizon malgré quelques espoirs.
En pages 20/21, on peut lire : « J'ai voulu témoigner. Être une voix parmi les sans-voix. Ceux qui dérangent, ceux qui lassent plus, qu'on n'entend plus tant leur destin est englouti pat l'habitude et la banalité. Nous sommes à la fois trop et pas assez nombreux, pas assez spectaculaires, à priori sans intérêt. Pourtant, nous sommes toujours vivants, (…) avec ce que tout cela implique en termes de rêves, de besoins, de projets ! Pour paraphraser Churchill, oui, il y a de la sueur, du sang et des larmes. Mais pas que. »
Quand on pose la question à Jean de savoir comment continuer à vivre lorsque l'on a tout perdu, la réponse est que justement, Jean d'Artigues a écrit ce livre en soutien pour les autres malades. Et dire qu'il a réussi à traverser l'Atlantique, à la voile, et a participé à bien d'autres épreuves. Pas question de se laisser abattre, pas de misérabilisme, il faut faire face devant tout ce qui peut nuire à cette « position » : passer ses journées dans un fauteuil roulant, et bien souvent pas de moyen d'accès à certains établissements… - il faut lutter – s'occuper, avoir des projets – lire : lui, pour s'échapper de ce couloir, il se réfugie souvent auprès de François Cheng et de ses méditations sur la mort. « Selon lui, la finitude de notre vie est une chance. (…) Mais aussi par la façon dont nous laissons le temps filer entre nos doigts. »
Pour Jean D'Artigues, avoir peur de cette terrible maladie, c'est normal mais ce qu'il faut, c'est tenter de la dépasser, aussi bien par les personnes touchées que par leur entourage : il faut s'entraider et ce n'est pas toujours le cas. Heureusement que parfois des inconnus viennent en aide, ne serait-ce que pour franchir un trottoir, traverser une rue… Des petits gestes qui, mis bout à bout, deviennent importants.
En guise de critique, j'aurais pu relever tous les propos de l'écrivain car chaque phrase représente une citation.
C'est donc pour cette raison que je stoppe mon ressenti mais je tiens à préciser que l'on se reçoit une grande claque, une vraie leçon de vie, surtout quand on se regarde le nombril alors que d'autres vivent courageusement leur terrible maladie. A préciser que l'écrivain garde un certain humour, ce que l'on verra dans certaines citations.
On découvre ainsi, au fil des pages, de nombreuses révélations, des réflexions philosophiques. Il n'a plus d'espoir en la science médicale, sa santé "fout le camp" mais le moral tient le coup : admirable !
Puisqu'il faut vivre au jour le jour, c'est la raison pour laquelle Jean d'Artigues a donné ce titre de « Chaque jour est une vie. »
Un livre lumineux.
Edité par Éditions Artège, 19 juin 2019
20 €