Comédies françaises
Eric Reinhardt Eric Reinhardt
Le livre « Comédies françaises » (aux Éditions Gallimard), de Eric Reinhardt, débute un peu mal : un acte de décès (à 27 ans), d'un certain Dimitri Marguerite, en 2016, suite à un accident de la route dans lequel la conductrice était sortie indemne. Dimitri était à « la place du mort. »
On peut lire en quatrième de couverture : « Fasciné par les arcanes du réel, Dimitri, jeune reporter de vingt-sept ans, mène sa vie comme ses missions : en permanence à la recherche de rencontres et d'instants qu'il voudrait décisifs. Un jour, il se lance dans une enquête sur la naissance d'Internet, intrigué qu'un ingénieur français, inventeur du système de transmission de données qui est à la base de la révolution numérique, ait été brusquement interrompu dans ses recherches par les pouvoirs publics en 1974. Les investigations de Dimitri l'orientent rapidement vers un puissant industriel dont le brillant et sarcastique portrait qu'il en fait met au jour une «certaine France» et le pouvoir des lobbies. »
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A la lecture, on voit ce qu'a été la jeune vie, trop courte, de ce Dimitri, reporter, qui voyageait pour son travail. le hasard fait qu'il se retrouve entraîné dans une enquête sur la naissance d'Internet.
Ceci l'amène à nous parler longuement de Ambroise Roux et de Louis Pouzin, le créateur d'Internet. Par la suite, viendront Facebook, Twitter, Instagram…. Pour Dimitri : un fléau, car même s'il tente de ne pas y attacher trop d'attention, c'est plus fort que lui, une addiction. Ah ces réseaux sociaux !
Il va tout de même aussi connaître l'amour, mais hélas, aussi, des réseaux sociaux de rencontres et là…. On va lire des scènes très crues, descriptions à l'appui.
Mais je ne vais pas insister lourdement sur ce sujet.
Quant à son arrivée dans le domaine du lobbying, c'est par l'intermédiaire d'un certain Jean-Michel Tallineau qui, avec son associé, Damien Carpentier, l'embauche au poste de consultant junior en affaires publiques, en octobre 2012 : « Il ne s'est jamais dit : du lobbying, Dimitri ! Réalise mon vieux ! Tu vas faire du lobbying ! C'est pas possible ça ! Tu peux pas faire du lobbying ! » (…)
« Il ne s'en était donc ouvert qu'à Alexandra, laquelle était suffisamment rigolote, libre, spontanée, rapide, risquée, curieuse, espiègle et expérimentale pour ne rien trouver à redire à la perspective d'être miraculeusement embauché, à vingt-trois ans, à 4 200 euros net par mois plus les primes, avant même d'avoir seulement commencé à chercher du travail, dans une activité aussi romanesque, aussi mystérieuse, aussi opaque et sulfureuse que le lobbying, dans l'un des cabinets parisiens les plus réputés.
Tout était absurde dans cette histoire, mais c'est tout de même devenu sa vie pendant un an et demi. » (p.94/95)
On trouve dans ce roman, grand nombre d'indications, de réflexions qu'elles soient politiques ou financières – il y a de l'humour (parfois grinçant) – des descriptions sur le domaine du théâtre qu'affectionne Dimitri – sur des films – sur des livres et leurs auteurs – l'amour que Dimitri pense trouver – ses amitiés (particulières ou pas) – son travail – ses soucis familiaux avec sa mère et son père – autant dire un panaché tellement dense dans ce livre de presque 477 pages – avec une grande quantité de détails (passés au peigne fin par Eric Reinhardt : c'est incroyable la somme d'informations récoltées)…
Je dis un grand Bravo à l'auteur qui m'a étonnée par le sujet si bien traité. C'est certainement cela qui fait qu'un auteur a du talent.
Livre lu grâce à une Masse Critique Privilégiée Babelio que je remercie et grâce aux Éditions Gallimard qui ont participé à l'envoi.
Nota personnel : J'avais déjà rencontré l'auteur, pour d'autres ouvrages et il s'était montré très sympathique, discret mais avec un certain humour.
Il a terminé « Comédies françaises » en décembre dernier, livre qu'il pensait paraître lors de la prochaine rentrée littéraire, et qui le sera.
Nadia d’Antonio
Edité par Gallimard, 20 août 2020
22 €