Une survivante, voilà comment nous pouvons nommer Sayaragul Sautbay, qui, née dans la province chinoise du Xinjiang, médecin de formation, nous a livré un bien émouvant témoignage avec son livre : "Condamnée à l'exil - Témoignage d'une rescapée de l'enfer des camps chinois." (Editions Hugo Doc - parution le 6 mai 2021), ceci avec la collaboration de Alexandra Cavelius.
Sayaragul Sautbay, écrit en page 11 : " Les cadres du Parti m'ont intimé de me taire sur ce que j'ai vécu dans cet enfer, moi, la fontionnaire nommée directrice d'écoles par l'Etat. "Sinon ce sera fini pour toi", m'ont-ils prévenue. Il m'a fallu signer ma propre condamnation à mort." ou un peu plus loin : "Dites que le Parti est bon et votre vie joyeuse ! Ces mascarades, orchestrées par le PCC , nous les connaissons depuis l'enfance. Je m'étrangle rien que d'y penser."
Mais : "En tant que témoin-clé, je me dois de partager ce que je sais de ce système sans pitié. Je ne le fais pas que pour moi : je parle au nom de tous les détenus , de ceux qui tremblent, ceux dont la vie est menacée. (...) L'empire du Milieu déroule patiemment sa stratégie, décennie après décennie et compte bien tirer profit de ce qu'offre la "société ouverte" pour mettre à mal, petit à petit, la démocratie."
On apprend qu'on la surnommait "Sari May" ("beurre", "car ma peau en a la couleur").
Mais là, n'est pas le plus important car dans cet ouvrage, c'est une longue suite d'événements tous plus douloureux les uns que les autres - la description des horreurs qu'elle voit - son éloignement forcé de sa petite famille (d'abord de ses parents pour aller travailler - puis de son mari et ses enfants devant partir, afin qu'eux, au moins, trouvent une existence moins dure - quant à elle, elle ira les rejoindre si elle réussit à ce qu'on lui restitue ses papiers). C'est là qu'arrive le tragique : elle se retrouve en prison. Sa force de caractère l'aide énormément ainsi que sa volonté farouche. Elle ne baisse pas les bras et relève la tête, prête à tout endurer. Elle le fera jusqu'au bout malgré tous les traitements avilissants qu'elle subit. Toujours le même espoir : retrouver les siens et mettre en garde le monde contre les horreurs ayant lieu dans son pays.
Cet ouvrage comporte quelques illustrations, des photos surtout de moments heureux. Il est touchant, entre autres, de la voir avec son mari et ses enfants.
En fin d'ouvrage, Alexandra Cavelius écrit :
"De retour chez moi, j'envoie à Sayragul par WhatsApp une photo de biceps bandés. Ce symbole nous donne de la force et du courage quand de nouveaux obstacles entravent notre chemin. J'accompagne mon envoi d'un message : "Tant que nous serons libres, nous poursuivrons notre travail d'information. Personne ne nous arrêtera. Personne.
Sayragul me répond dans la seconde."
Ma conclusion ? Je l'ai relevée en quatrième de couverture car je l'ai trouvée importante :
"Grâce à ce témoignage exceptionnel, nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas."
Nadia
Edité par Hugo, 6 mai 2021 Éditions Hugo & Cie
19,95 €