Histoires des ouvriers en France au XXème siècle
Xavier Vigna Xavier Vigna
Dans une critique récente, j'avais écrit que des livres étaient difficiles à chroniquer en expliquant les raisons. On retrouve cela (encore plus) avec l'ouvrage de Xavier Vigna « Histoire des ouvriers en France au XXe siècle » (Editions Perrin – Collection Tempus).
De ce livre, « Le Monde » en a dit que : « Xavier Vigna signe un ouvrage que l'on pourrait qualifier, en un sens noble, d'utile. »
Xavier Vigna a déjà publié « L'Espoir et l'Effroi » (aux Editions La Découverte) - il est connu pour être un professeur de l'histoire contemporaine et fait partie du laboratoire IDHES (Institutions et Dynamiques Historiques de l'Economie et le Société), créé en 1997.
Dans l'Introduction, on peut lire : « Que le lecteur ne se méprenne pas : ce livre n'entend pas être l'énième poignée de terre jetée sur le cercueil mal refermé du monde ouvrier. En écrire l'histoire n'implique pas de la considérer comme achevée. (…) Toute notre approche de la seconde moitié du siècle se nourrit de lectures. »
Ici, pas de roman tout simple, au contraire : pendant les 462 pages de l'ouvrage, l'auteur a décortiqué cette vie de ces ouvriers, hommes et femmes, réunis dans un même combat – celui d'être reconnus pour leurs durs labeurs – celui de dénoncer des conditions de travail la plupart du temps, pénibles – celui d'exister, tout simplement. Mais dures dont les situations car ils se sont heurtés au patronat inflexible.
On lit également une foule de renseignements politiques – de société – de nombreux témoignages – des statistiques (chiffres et tableaux) – il y est aussi question des Guerres, la Première Guerre mondiale qui a causé une rupture : « En 1915, le mouvement ouvrier français peut légitimement estimer incarner le sens de l'histoire. La guerre brise net cette conviction. » (p.75). Puis suivra la Seconde Guerre mondiale où les ouvriers sont encore mis à l'épreuve. On lit aussi la constitution de nombreux syndicats (le Front populaire et de nombreux autres– mai 68) – on y trouve les Trente Glorieuses - ainsi que des grèves pour affirmer les conflits – on peut dire que tous les sujets sont abordés avec l'industrie, que ce soit pour la métallurgie, les bassins houillers, l'électricité, l'automobile (avec de grands noms), la chimie, l'électrochimie, le textile, le bois…..
Impossible de tout énumérer. Mais ce que j'ai relevé aussi, concerne ces guerres qui ont donné lieu à des fabrications d'armes avec les obus, les cartouches...
Alors, pourrait-on dire, ces guerres ont elles été fructueuses pour le travail des ouvriers ? Oui et non. « OUI » parce qu'il est vrai qu'elles ont occasionné du travail - « NON » parce qu'il s'agissait de guerres ravageuses, terribles. On peut lire en page 23 : « l'usine de guerre, c'est d'abord la banlieue. »
De plus, « la subculture ouvrière vise aussi à échapper à l'enfermement usinier, ce qui exprime le goût pour les activités et le spectacle sportif. Après la Seconde Guerre mondiale, la popularité du football en milieu ouvrier s'affirme. (…) Last but not least, avec des valeurs de solidarité.»
Pour ma conclusion, j'ai relevé ces quelques lignes de l'écrivain, en page 371 : « Les études sur le monde ouvrier ne satisfont donc pas seulement à une nécessité scientifique, au demeurant fort impérieuse : les sciences sociales ont encore de vastes terrains à arpenter pour parfaire notre connaissance. Mais elles présentent également des implications sociales et politiques qui ne sont pas minces. (…) L'histoire ouvrière a du sens. »
Ce sera également ma conclusion et je vous engage à découvrir ce livre qui, s'il est ardu, certes, mais tellement intéressant.
Ce que l'on peut dire, c'est que l'histoire ouvrière n'est pas morte, loin de là avec les événements de notre époque. Il y aurait tellement à rajouter que j'arrête ici ma chronique, en indiquant qu'il ne faut pas manquer de lire, à partir de la page 373, les « Notes », « Orientations bibliographiques »ainsi que « L'index des lieux et entreprises. »
Un grand merci pour cette lecture plus que dense et riche avec sa foule d'informations.
Nadia D’Antonio
Edité par Perrin, 28 janvier 2021
10 €