Il était une fois mon meurtre,
Emily Koch,
Comment élucider son propre meurtre ?
C'est la question posée dans « Il était une fois mon meurtre » (« If I Die Before I Wake ») (éditions Calmann-Lévy), de Emily Koch, écrivaine anglaise qui vit à Bristol et dont c'est le premier ouvrage.
Pour le Daily mail c'est : « Exaltant ! ».
Je qualifierai cet ouvrage de thriller médical – huis-clos dans une chambre d'hôpital (un lieu où il ne fait pas bon se trouver, surtout quand on est dans le coma).
Ici, il s'agit d'un jeune escaladeur, Alex, qui a fait une terrible chute et qui se trouve, depuis deux ans, plongé dans un coma dont on ne pense pas qu'il ressortira.
Cette histoire a été inspirée à l'auteure, Emily Koch, par un événement dont elle nous parle ainsi :
« Cher lecteur,
Merci d'avoir choisi "Il était une fois mon meurtre", mon premier roman. (…) Presque dix ans avant que ce roman soit publié, (…) j'ai voulu traverser la rue, mais je ne suis pas arrivée de l'autre côté. Alors que je franchissais les premières voies de circulation, le bonhomme vert s'est mis à clignoter. Quand je me suis engagée sur la troisième voie, j'ai été fauchée par une Renault Laguna, dont le conducteur avait ignoré le feu orange d'avertissement qui incitait les automobilistes à se montrer prudents.
J'ai eu deux jambes fracturées et subi de graves lésions. J'en ai bavé : j'ai bien cru que je ne pourrais plus marcher ; Je suis bien incapable de dire ce que vivent les personnes souffrant du locked-in syndrome (ou syndrome d'enfermement), comme c'est le cas de mon personnage, Alex, mais je sais à quel point on se sent vulnérable lorsqu'on est incapable de quitter son lit. (…) Merci pour le temps que vous allez consacrer à me lire. »
Eh bien, Emily, ce temps je l'ai pris au cours de ces 428 pages et j'ai accompagné Alex, moi aussi, dans ses pensées, car il entend TOUT. On le croît entièrement insensible, sans réaction, mais celles-ci sont intérieures et là, c'est terrible., d'autant plus que son esprit est très actif et il nous raconte tout ce qui se passe, son passé, le présent….
« Ma vie d'autrefois s'est arrêtée net peu après que j'ai fêté mes vingt(sept ans. (…) Parmi les mots qu'emploient les médecins et les infirmières, j'ai relevé « coma » et « état végétatif ». Ils ne savent pas que je suis éveillé : aucun examen ne montre l'activité cérébrale que je voudrais tant qu'ils voient. »
On partage tous les moments où Alex ne demande qu'à mourir (mourir mais vivre encore) – de faire que tout s'arrête puisque rien ne fait réagir le corps médical – Bea, sa compagne, vient pour lui parler sans arrêt, lui raconter tout ce qu'il lui arrive, elle qui, auparavant, n'était guère bavarde.
Il y a aussi les parents d'Alex et sa soeur dont les avis sont partagés, et qui se demandent si tout cela peut durer encore.
Difficile d'en dire plus mais on ressent toutes les frustrations d'Alex qui, lui, entend tout - voit un peu (s'il arrive à entrouvrir les yeux) – sent toutes les odeurs (que ce soient les parfums, celles de la nourriture…) - il sent les gestes qui le touchent physiquement – et comme il aimerait crier ! Il raisonne en lui-même ; il fait sa propre enquête intérieure quant il apprend que des policiers s'intéressent à son cas : ce n'était pas un accident alors ? Quelqu'un a tenté de le tuer ? Et puis finalement, il veut s'en sortir et son espoir est sans limites : Bon sang, après l'IRM, il va tenter de jouer au golf mentalement, comme on le lui demande et il joue, il joue, mais rien n'est décelé.
On tente de reconstituer le puzzle avec beaucoup d'émotion – c'est douloureux à lire mais pas de pathos – suspense – psychologie – et si le (ou la) coupable est dans la chambre ?….
Mieux vaut stopper (ma critique, pas la vie d'Alex) pour « Il était une fois mon meurtre » de Emily Koch et je préfère vous le laisser découvrir.
Merci pour cet ouvrage bouleversant.
Nadia D'Antonio
Edité par Calmann Lévy, 29 m