ilspartirontdanslivresse

Ils partiront dans l'ivresse

- En librairie demain -

Dédicace : "En souvenir d'Hélène et d'Albert et de toutes les autres victimes de la Gestapo et de la Milice de Lyon."

Une chanson très triste, à en pleurer, quand j'ai vu une phrase de la chanson "Le chant des partisans" : "Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place." dont je me restreins de ne citer que le début, qui me fait froid dans le dos :

♫"Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines

Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?

Ohé, partisans, ouvriers et paysans c'est l'alarme.

Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades,

Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades,

Ohé, les tueurs, à vos armes et vos couteaux, tirez vite,

Ohé, saboteurs, attention à ton fardeau, dynamite..."♫

Ceci est pour dire quelques mots sur le dernier livre de Lucie Aubrac (en fait Lucie Samuel, née Bernard) : "Ils partiront dans l'ivresse" qui va paraître chez Les #EditionsRetrouvées.

Lucie Aubrac, était française et une grande résistante. Elle a d'ailleurs publié auparavant et son "Journal" a été porté à l'écran par Claude Berri.

On peut penser que c'est un livre de plus ? Certes, et j'avais déjà mentionné dans ma chronique de "La Sacrifiée du Vercors" de François Médéline, que cette Guerre horrible fera encore beaucoup couler d'encre. Pour ma part, si c'est un livre de plus, c'est un livre-témoignage d'une forte intensité. Cela d'autant plus que j'y ai retrouvé ce qu'ont vécu mes grands-parents ainsi que mes parents.

Fermons cette parenthèse et passons au livre : il est dit que c'est "Un récit et un témoignage exceptionnels, une leçon de courage. Un destin incroyable, une grande dame." "D'écoles en collèges et en universités, elle allait (...) apprendre aux plus jeunes qu'il n'est d'impossible (...) que ce qu'on n'a pas tenté de surmonter." (Jean Lacouture, Le Nouvel Observateur).

Lucie n'a pas hésité une seconde à s'investir dans la Résistance, même avec un premier enfant (un petit garçon qu'elle a envoyé dans le Vercors, par sécurité), et ensuite, enceinte d'un autre. Il lui fallait retrouver son mari, Raymond, arrêté par la Gestapo. Elle a fait tout ce qui était en son pouvoir (et quand elle ne pouvait pas, elle finissait par trouver un moyen) - elle arrivait à donner le change malgré sa détresse, la faim et parvenait à ravitailler d'autres personnes, quitte à se priver elle-même - sa devise était : "Il faut bien commencer un jour, c'est comme tout, si on n'entreprend rien on ne risque pas de réussir !" Elle parvient même à glisser un peu d'humour dans cette grisaille -

Elle a connu le doute, la tristesse, la solitude mais jamais le renoncement. Au-delà des événements, des péripéties décrits, ce qui structure le récit, c'est l'obstination presque sans failles, le courage, la détermination de Lucie Aubrac. Une personnalité hors-normes.

Dans ce livre témoignage touchant, Lucie Aubrac a une liberté de ton, une franchise qui ne peuvent pas laisser insensibles. lorsque l'on découvre tous les obstacles, le combat de ces résistants qui agissaient dans l'ombre.

Donc, en effet, un témoignage de plus avec cette autobiographie de Lucie Aubrac, cette femme-courage (comme tant d'autres il est vrai) et que l'on ne peut qu'admirer.

Pour ma part, je n'en dirai pas plus car ce livre est à découvrir.

J'ai choisi ma conclusion, dans les dernières lignes de l'ouvrage :

"Parce que j'ai connu les hommes des premiers jours, ceux qui nous ont rejoints, beaucoup de ceux qui manquent aujourd'hui à l'appel, je ne veux pas que Barbie et ses amis les insultent, nous insultent, ou banalisent par la calomnie ce que fut 'histoire glorieuse et tragique de la résistance." (Lucie Aubrac : Postface, Quarante ans après...)

Un livre passionnant. Un grand merci.

Nadia

Edité par Points, 11 juin 2021

7,50 €



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