Je t'ai oubliée en chemin

Pierre-Louis Basse Pierre- Louis Basse

Il y en a qui perdent des objets et d'autres, leur amour.

Une date qui va tout changer : le 2 janvier 2018, à 9H37. C'est Ana qui envoie un SMS à Pierre pour lui annoncer que tout est fini entre eux, elle le quitte. "C'est comme ça."

Il s'agit du roman de Pierre-Louis Basse, « Je t'ai oubliée en chemin » (éditions Le Cherche Midi).

L'auteur est un journaliste et écrivain français.

Ici, on pourrait presque dire que « les histoires d'amour finissent mal, en général » comme dans la chanson des Rita Mitsouko. Mais heureusement que ce n'est pas toujours le cas.

Par contre, pour Pierre : « Pierre, mon projet à ce jour est de vivre ma vie sans avoir à me justifier. Je n'ai pas changée à ton égard, je suis seulement arrivée au bout de ce que je pouvais supporter. (…) C'est mon voeu pour 2018. (…) Je t'aime, te respecte, t'admire, mais je ne suis pas heureuse. (…) Ana. »

Et voilà comment on quitte quelqu'un. Pierre est anéanti par cet aveu électronique. Alors que va faire Pierre ? Il va marcher et marcher, déambuler un peu partout avec ses flashbacks d'un amour qui a été torride – qu'il n'aurait jamais imaginé se terminer ainsi. « Une passion qui s'effondre a nourri tant de chansons, de livres, de films, de peintures. Je voudrais que ce livre ressemble à une guitare andalouse dans un café de banlieue. Une chanson de Mano Solo. Un poème de René Guy Cadou : le chant est parfois un peu triste, mais la lumière est toujours présente. Elle cogne à la vitre et insiste pour que la partie continue. Ce joli bras de fer entre espoir et désespoir. Ce livre est l'histoire de ce bras de fer. » (Avant-Propos).

On pourrait dire « un bras de fer entre le désespoir et l'espoir. » Lequel va gagner ?

Ana, comédienne et chanteuse de talent, avait séduit Pierre avec sa voix rocailleuse mais aussi par sa beauté et son « amour de l'amour. » Mais voilà que se sont profilées, petit à petit, des tensions, des incompréhensions.

Pierre repense sans cesse à tout ce qu'il a vécu – il analyse en avalant des kilomètres (et pour nous au fil des courts chapitres) – il a des idées suicidaires – puis il marche dans la campagne normande – il fait ainsi (aussi), son cheminement intérieur. « Ma vie tout au bout du chemin. »

Et puis un SMS franchement  ! « Les smartphones avaient pris le pouvoir sur la réalité. Tout un monde d'images fixes, vidéos, textos, possédait désormais cette puissance capable de fracasser l'humanité toute entière. le geste électronique avait triomphé. » «Décidément, il faudra revenir aux lettres parfumées, aux départs sur les quais de gare. A la lenteur des amants qui ne sauront jamais se quitter. Aux conversations sous la lampe. »

Dans ce témoignage, l'auteur nous fait participer à ses souvenirs – ses doutes - ses réminiscences – il évoque Proust, Flaubert ou Camus (entre autres) ainsi que le cinéma – le lecteur a aussi droit à des scènes érotiques, crues (c'est la vie)…

Pour ma part, n'étant pas une fanatique de ce genre de lecture, je ne vais pas dire que j'ai adoré ce roman mais je ne dénigre en rien l'auteur dont le style est agréable à suivre.

Nadia D'Antonio

Edité par Le cherche midi, le cherche midi éditeur

17 €