Les mains vides
Valerio Varesi
C'est avec « Le fleuve des brumes » que j'avais fait connaissance de l'écrivain italien Valerio Varesi (né à Turin), alors que je faisais partie d'un jury. Une agréable découverte et avec « Les mains vides » (Éditions Agullo Noir), j'ai retrouvé avec plaisir le commissaire Soneri : égal à lui-même, assez grincheux avec des coups de gueule, sa gourmandise, et tellement efficace dans ses enquêtes, qu'il mène à sa façon.
Ici, nous sommes à Parme (au mois d'août), où la chaleur est suffocante. Mais cela n'arrête pas les meurtres et, notamment, celui d'un certain Francesco Galluzzo, un marchand.
On trouve aussi un usurier, Gerlanda, dont les méthodes sont plus que douteuses : «Un conseil, reprit sérieusement Gerlanda, ne jouez pas les Don Quichotte. Que vous le vouliez ou non, vous faites partie de la police et la police a toujours été du côté des puissants. Depuis quand la police change le monde ? Dites plutôt qu'elle a empêché que ça change !) – ainsi qu'un accordéoniste des rues, Gondo, (on lui a volé son cher accordéon), qui, sans le savoir, a certainement été témoin de faits qui pourraient aider l'enquête.
Le commissaire Soneri est un homme fatigué : "Je ne supporte plus d'autopsier les saloperies de la société. Je préfère viser la retraite. »
Il aime que les choses soient claires. Quand on lui demande s'il n'a jamais fait de boxe, il répond : « Quand on a en face de soi un adversaire qui frappe fort, on commence par essayer de lui rendre les coups, mais on apprend vite que c'est inutile. »
Tout au long de l'enquête, on a affaire au blanchiment d'argent (du sale pour avoir du propre) – à de la corruption – d'actes violents – de descriptions de la société …..
Soneri nous fait part de ses réflexions sans oublier que, sur ses gardes, il mentionne combien il apprécie la bonne cuisine et les bons restaurants - mais on suffoque aussi dans cette touffeur humide et gluante de Parme…. Vivement des jours meilleurs avec la fin de cet été que rien ne calme, même pas quelques orages. On assiste à des braquages, à certaines, bagarres. L'auteur nous parle de cette guerre économique évoluant en « souterrain » avec la pègre se cachant derrière des personnages bien connus, cette pègre telle une pieuvre (d'où le dessin de la couverture du livre) qui agit de façon impitoyable et devant laquelle même la police éprouve des difficultés.
Une fois de plus, j'ai bien apprécié cet ouvrage de Valerio Varesi qui écrit d'une façon particulière, avec ses réflexions qu'il prête à son héros, en somme assez désabusé.
« Un fantastique écrivain, dont la poésie, la finesse et la truculence tout italienne rivalisent avec un art de l'intrigue habilement emballée. » (Le Figaro Magazine).
Je termine par les dernières lignes du récit dans lequel on trouve le titre : « Jamais il ne s'était senti à ce point les mains vides. Il éteignit alors son téléphone portable, sachant que le sommeil serait le seul moyen de fuir l'insupportable. »
Nadia D'Antonio
Edité par Points, 12 mars 2020
6,90 €