Les pianos perdus de Sibérie
Sophy Roberts Sophy Roberts
« La Sibérie est beaucoup plus qu'un simple lieu sur une carte : c'est une sensation. »
Saviez-vous qu'il y avait des pianos perdus en Sibérie ? C'est une écrivaine anglaise, Sophy Roberts, qui en a parlé dans « Les pianos perdus de Sibérie » (Editions Calmann-Lévy - parution le 06/01/2021), et elle est partie à leur découverte.
Un long voyage pour lequel elle a écrit dans le Prologue : « Il est difficile de définir avec exactitude la Sibérie, ses limites imprécises permettant à chaque voyageur de l'imaginer sous la forme qu'il entend, quelle qu'elle soit. » (...)
« Si l'étendue de la Sibérie est ahurissante , elle l'est davantage quand on suit sur la carte, la trace d'instruments comme celui d'Anna, qui se frayèrent un chemin à travers l'empire avant que n'existent des moyens de locomotion convenables. »
Ces pianos avaient disparu après la révolution de 1917 et l'écrivaine s'est même rendue aux archives nationales de l'État russe de Saint-Pétersbourg. Elle y a trouvé un témoignage de Anna Béring, épouse d'un officier de marine. On y trouve la révélation que celui-ci emporta son précieux clavicorde jusqu'à la mer d'Okhotsk.
Pendant son périple, Sophy Roberts note qu'en Sibérie, le temps n'est qu'une notion qui n'en fait qu'à sa tête.
Elle voyage donc en traversant cet immense pays en nous décrivant les magnifiques paysages mais aussi nous fait part de réflexions politiques, historiques, toutes les rencontres qui parsèment son long parcours avec l'hospitalité russe….
Réflexions également sur des artistes, des musiciens comme Chopin pour qui le son de la Pologne est à Tomsk. Mais il n'y a pas que Chopin, loin de là.
Différents groupes dissidents de vieux croyants subsistent encore à travers la Sibérie, avec leurs traditions – elle a croisé des opportunistes posant pour des touristes dans des tenues aux couleurs voyantes…
Après en avoir tant vu, en 2017, il lui faut un second visa d'auteure d'une durée de un an afin de pouvoir poursuivre : soulagement. Mais en 2018, on l'informe que le ministère des Affaires étrangères le rejette pour une troisième année : « Après m'être enthousiasmée pour la Sibérie, je suis désormais empêchée d'y retourner. C'est comme si quelque chose en moi m'avait été ôté. (…)
Ce livre évoque les bontés et, par-dessus tout, la musique et les souvenirs qu'ils ont partagés. »
C'est sur ces lignes que je termine cette petite chronique pour un livre très dense et riche. Mais je voudrais signaler que, en fin de l'ouvrage, Sophy Roberts note qu'elle n'a modifié aucun nom des nombreuses personnes rencontrées. A partir de la page 367, se trouvent : un chapitre des « Crédits photographiques » qui parsèment le texte, des photos en noir en blanc mais aussi des croquis ou des plans de sa « longue route. » Puis un dernier chapitre : « Notes bibliographiques. »
J'ai pu lire « Les pianos perdus de Sibérie » de Sophy Roberts (avec l'impression d'avoir vu des images pleines de neige).
Nadia D'Antonio
Edité par Calmann Lévy, 13 janver 2021 Editions Calmann-Lévy
21,90 €