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L’hôtel aux barreaux gris

L’hôtel aux barreaux gris, Curtis Dawkins

Un livre dont le fond de l'histoire est bien triste, « L'hôtel aux barreaux gris » (« The Graybar Hotel »), (Éditions Fayard) de Curtis Dawkins, auteur américain qui avait été condamné à la réclusion à perpétuité, en 2005, pour avoir tué un homme au cours d'une tentative de cambriolage à Coldwater (Michigan), un soir de Halloweeen.

Pendant sa réclusion, il s'est mis à l'écriture et c'est ainsi que l'on peut lire son autobiographie, son témoignage dans cet univers carcéral.

Son ouvrage est constitué de plusieurs récits concernant tout ce qui l'entoure : les personnages emprisonnés comme lui – la façon dont ils sont traités à Kalamazoo : « En langue indienne, Kalamazoo veut dire « eau bouillante. » En guise d'hôtel, nous entrons donc dans cette prison où les portes sont des barreaux qu'il faut franchir, sas après sas, avec les matons. Les prisonniers y sont logés dans des « ailes ». Curtis et des compagnons de cellule, logent dans l'aile Nord A : « où l'on n'éteint jamais la lumière, où les hommes sont constamment surveillés afin d'éviter les suicides. » Kalamazoo est un univers impitoyable où les petits délinquants côtoient les pires espèces du genre humain – chacun tente de se débrouiller à sa façon avec les moyens du bord et en essayant de garder le moral (au moins en faisant un peu de sport…ou tout simplement des pompes dans la cellule).

Le livre est constitué de quatorze récits, avec des flashbacks entre le passé et la vie actuelle où il faut obéir à la réglementation de la prison et suivre des « codes ». Il est possible d'assister à des ateliers qui occupent un peu l'esprit et les mains – on trouve aussi un peu d'humour malgré cette grisaille dans cette prison américaine. Mais les prisons ne sont-elles pas toutes grises ? Ce ne sont pas des lieux de villégiature que l'on recherche et quand on a pris « pour perpète », mieux vaut s'adapter et s'organiser.

On lit surtout la solitude – la souffrance souvent – l'envie de s'évader – de la mélancolie - on voit les coups donnés par les matons ou les prisonniers entre eux – les espoirs perdus - bref, un hôtel où il vaut mieux éviter d'y aller (mais par contre à lire). L'auteur a réussi à nous faire ressentir une certaine empathie (sans toutefois oublier son geste).

Curtis Dawkins nous a ainsi livré un grand témoignage sur cette vie de reclus d'où il n'est pas prévu d'en sortir. Quant à son récit, où il a mêlé du fictif, il a connu un vif succès. Peut-être est-ce son premier livre ? A suivre.

Une critique de « The Guardian » : « Un trésor de délicatesse, de réalisme et d'humanité. »

Edité par Fayard, 2019 Fayard

19 €


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